La Grève féministe et des femmes* a refusé dès le départ le projet d’AVS21. Un vrai projet de pérennisation des retraites mettrait fin à ce système des 3 piliers inégalitaire, sexiste et écocide. Nous demandons de nous baser sur la seule assurance qui est véritablement solidaire : l’AVS. C’est le seul système qui prend en compte les réalités de toute la population.
AVS21 n’a jamais été une réforme pour l’égalité, car nous ne pouvons pas parler d’égalité sans évoquer celle, inexistante, des salaires. Nous contribuons tellement à la richesse de la Suisse avec notre travail, rémunéré et/ou non, et nous n’en retirons que des miettes. Une femme sur quatre n’a que l’AVS pour vivre, une nouvelle retraitée sur deux a moins de 1’200 francs par mois de 2e pilier. Par ailleurs un tiers des retraitées ne touchent pas de 2e pilier et nous ne parlons même pas du 3e.
L’AVS ne remplit même pas le mandat constitutionnel : nous permettre de vivre avec des rentes dignes. Pour cela, un moyen bien plus solidaire qu’augmenter l’âge de la retraite des femmes* existe : appliquer enfin le principe d’égalité salariale et engager le débat sur l’égalité de revenu. Augmenter les salaires des femmes* de manière à ce que ceux-ci soient véritablement égaux à ceux de leurs collègues masculins, qui réalisent le même travail dans les mêmes conditions, signifie leur donner de vraies rentes, mais à condition qu’elles travaillent à 100% ! Car le salaire ne prend en compte ni le temps partiel, ni le travail non rémunéré. Il n’est donc pas représentatif de ce qui reste effectivement dans nos poches à la fin du mois : le revenu.
Il faut voir la réalité en face : près de 50% des femmes* touchent un salaire mensuel net inférieur à 4’000 francs, en comparaison des 16% d’hommes dans la même situation. Les chiffres du nouveau rapport sur les inégalités salariales, que le Conseil fédéral vient d’adopter, sont sans appel : les femmes* gagnent 43% de moins que les hommes durant leur vie active. Combler ce trou signifie leur donner la possibilité d’être indépendantes, que ce soit de l’État ou d’un homme.
Comment se fait-il que l’un des pays le plus riche du monde préfère laisser tant de femmes* dans la précarité ou la pauvreté ? Trois ans après la Grève de 2019 qui a vu 500’000 femmes* et personnes solidaires défiler dans les rues, les discriminations à leur égard sont encore trop nombreuses et la loi sur l’égalité reste un objet décoratif. AVS21 est une attaque de plus contre les droits des femmes*. L’histoire nous a montré que ce que nous avons aujourd’hui, nous l’avons obtenu grâce aux luttes des femmes* des générations précédentes. Leur persévérance et leur détermination sont les nôtres.
Le 14 juin 2019, à l’issue d’une journée de grève historique, nous avons affirmé qu’on ne lâcherait rien. Le temps d’une nouvelle grève féministe est arrivé : rendez-vous le 14 juin 2023 !