LETTRE ADRESSÉE Á LA DIRECTION DE L’UNIL 07.11.22

A l’attention de la Direction et des décanats de l’Université de Lausanne
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La journée du 14 juin 1981 voyait pour la première fois l’inscription de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la Constitution suisse. Dix ans plus tard, en 1991, une grève nationale des femmes a mobilisé près de 500’000 personnes dans tout le pays afin d’exiger l’application de l’article constitutionnel. Cependant, l’égalité n’a depuis jamais été atteinte dans les faits.

C’est en partant de ce constat que de nouveaux collectifs de grève se sont créés au cours de l’année 2018, aboutissant à une nouvelle grève féministe nationale le 14 juin 2019. Cette mobilisation historique a réuni plus d’un demi-million de personnes dans toute la Suisse et constitue la plus grosse mobilisation sociale de l’histoire de ce pays. Cette grève, ainsi que les mobilisations des années suivantes, ont permis la progression d’une prise de conscience sociétale sur les questions féministes. Malgré cela, force est de constater que l’égalité n’est toujours pas atteinte et les revendications de la Grève Féministe loin d’être
pleinement entendues.


C’est pour ces raisons que le 14 juin dernier, à l’occasion de la 4 ème mobilisation nationale de la Grève Féministe, celle-ci a annoncé une nouvelle Grève pour 2023. A l’image de la mobilisation massive de 2019, l’objectif de 2023 sera non seulement de manifester mais également de se mobiliser à nouveau localement sur les lieux de travail, d’habitation et de formation. Ceci dans l’optique d’une réelle grève, en termes de travail productif et reproductif, au sens légal et syndical du terme. Dans certains secteurs des préavis de grève ont d’ailleurs déjà été déposés. Soucieux·se·x·s des questions d’Égalité au sein des Hautes Écoles et des Universités, le collectif de la Grève féministe Unil s’organise au sein de l’Université de Lausanne depuis 2018, avec l’objectif politique d’une culture non sexiste au sein de l’Université. Nous n’avons cessé de traiter de cette thématique qui nous interpelle au quotidien, dans nos études, nos recherches et nos enseignements.

Nous pensons l’Université comme un lieu privilégié pour l’échange d’idées, l’éducation et la transmission. C’est pourquoi nous estimons que l’Université de Lausanne, en tant qu’institution politique, sociétale et de formation, doit s’enquérir de la mobilisation à venir et s’y investir dans le cadre de ses compétences au sein du campus, et à l’extérieur. Nous saluons d’ailleurs les engagements inscrits dans le Plan d’intentions de la Direction en termes d’égalité, diversité et inclusion. Nous pensons qu’il est essentiel d’adresser les enjeux en matière d’égalité car les hautes écoles sont à l’interface entre les sciences et la société et que l’Université de Lausanne occupe une place importante dans le monde académique.

C’est pour ces raisons que nous vous réitérons la demande de garantir le droit de grève pour tou·x·te·s les membres de la communauté de l’Université de Lausanne lors de cette journée, comme cela avait été le cas en 2019. Cette mesure permettrait de garantir la possibilité à chaque membre de la communauté de l’Unil de participer aux mobilisations du jour, et de s’organiser au sein du campus. Ce droit de grève concerne le corps estudiantin, intermédiaire, professoral ainsi que le personnel administratif et technique. Nous sommes conscient·e·x·s que nombre du personnel travaillant sur le campus est employé par des prestataires externes, nous espérons cependant que leur droit de grève pourra être garanti également.

Le 14 juin est jour d’examens dans de nombreuses facultés. Nous estimons qu’il serait juste qu’aucun examen n’ait lieu ce jour-là; pour permettre aux étudiant·e·x·s et aux membres du corps intermédiaire et professoral de défendre leurs droits, sans être mis·e·x·s sous pression, en particulier par leur hiérarchie, mais aussi par leur conscience professionnelle. Nous vous adressons d’ores et déjà cette requête conscient·e·x·s qu’il est dans l’intérêt des directions de pouvoir prévoir, plusieurs mois à l’avance, l’aménagement d’un programme que nous savons complexe à mettre sur pied.

Dans l’espoir que ces demandes seront entendues et que l’Université de Lausanne s’engagera dans les mobilisations à venir, nous vous prions d’agréer nos salutations les plus distinguées.

Le collectif de la Grève Féministe UNIL