PRISE DE POSITION SUITE À LA CRIMINALISATION D’UNE DE NOS MILITANTE·X·S

Trigger warning : ce texte fait allusion à des violences sexistes et sexuelles

Notre communiqué de presse du 14 septembre 2021 dénonçait déjà la criminalisation des militant·e·x·s de la Grève féministe vaudoise suite à plusieurs manifestations. A maintes reprises, nous avons demandé l’abandon des poursuites et l’acquittement de nos camarades. Les autorités n’ont que partiellement faite suite à ces demandes. Aujourd’hui encore, nous exprimons notre soutien à une de nos militante visée par une nouvelle mesure de répression alors qu’elle ne faisait qu’organiser un rassemblement.

Le 25 novembre 2021

Le collectif vaudois de la Grève féministe a toujours fait preuve de bonne volonté pour organiser les différentes manifestations en lien avec les autorités compétentes. Depuis 2019, nous persévérons dans la lutte féministe pour changer la société ! Le nombre le prouve, ce mouvement social grandit de jour en jour et est nécessaire pour tou·x·te·s. Dans ce contexte et suite à l’organisation d’un rassemblement le 25 novembre 2021, journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles, l’organisatrice de la manifestation a reçu une ordonnance pénale. L’autorité pénale a jugé que, en qualité d’organisatrice de la manifestation, elle était responsable de tous les éventuels actes isolés qui perturberaient le caractère pacifique de cet évènement.

L’autorisation reçue exigeait, parmi d’autres que : « aucun écrit, banderole, drapeau, emblème ou quelque support que ce soit qui pourrait heurter la sensibilité d’autrui, induire une ambigüité sur la nature des propos exprimés, exacerber le sentiment d’insécurité de la population ou exalter des idées de haine, de racisme ou de violence ne sera toléré ». Or, l’autorité pénale reproche à l’organisatrice de la manifestation la présence de personnes avec des pancartes « ACAB » qui seraient une forme d’appel à la violence contre la police, alors que cet acronyme n’a qu’une portée symbolique, voire vaguement provocatrice. Non seulement l’organisatrice n’est pas responsable des slogans des participant.e.x.s mais en outre on ne saurait donner une portée d’appel à la haine à un tel slogan.

De plus, la police reproche à l’organisatrice·x l’interruption de la manifestation par un groupuscule d’extrême droite. Leur banderole faisait référence à « l’expulsion des violeurs étrangers ». Nous avions notamment écrit à ce sujet un communiqué de presse qui date du 5 décembre 2021. Il apparait là aussi totalement injustifié de faire porter la responsabilité à l’organisatrice de propos tenus par un groupe problématique, au demeurant signalé aux autorités par la grève féministe pour la menace qu’il représente.

Ainsi, nous ne laisserons pas les autorités policières et pénales nous criminaliser et nous demandons à ce que ces poursuites chicanières de nos militant·e·x·s cessent !

La liberté de manifester

Les autorités pénales et policières cherchent à nous intimider, en nous imposant des conditions tout simplement irréalistes. Cela a pour effet d’amoindrir l’exercice de notre liberté de manifester, puisque les militant·e·x·s organisateurice·x·s se retrouvent constamment face à la menace d’être poursuivies pénalement.

La liberté de manifester est un droit constitutionnel qui représente un des piliers de notre démocratie. Il peut être exercé avec ou sans autorisation, pour autant que la manifestation se déroule de manière pacifique. Exprimer des opinions fortes ou qui dérangent l’ordre établi ne constitue pas un motif d’interdiction de la manifestation. Seule l’absence de violences est déterminante. Il est impensable de tenir responsables les organisateurice·x·s de tous les éventuels imprévus qui perturberaient la manifestation. Nous ne pouvons tolérer une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête des militant.x.es du collectif de la Grève féministe. Si de tels actes isolés devaient survenir durant une manifestation, ce serait à la police, et non aux manifestant·e·x·s de prendre les mesures appropriées envers les personnes qui en sont à l’origine.

Dans leur tentative d’intimidation, les autorités pénales et policières cherchent en réalité à maintenir le status quo. Elles nous imposent délibérément des conditions qu’elles savent intenables. Les femmes et minorités de genre représentent une frange particulièrement précarisée de la société. La menace financière, allant de pair avec une potentielle procédure pénale, aura à terme pour conséquence de décourager les militant·e·x·s à participer aux actions féministes. Dès lors, nous sommes concrètement dissuadées de prendre la rue.

Les pancartes ACAB

La liberté d’opinion protège les slogans et autres expressions utilisées en manifestation.L’expression ACAB est une critique légitime des institutions policières. Ainsi, la présence de pancartes ACAB lors de manifestations ne constitue pas une violation des conditions de l’autorisation. La Grève féministe soutient les personnes qui mettent en lumière les violences policières.

De plus, les autorités pénales et policières font une grossière erreur en mettant sur un même plan la présence de pancartes ACAB avec l’apparition d’un groupuscule d’extrême droite lors de la manifestation.

Nos revendications

Le collectif vaudois de la Grève féministe demande :

  • La fin de la pratique des autorisations à manifester
  • À défaut, que les conditions d’autorisation respectent la liberté de manifester
  • Une instance indépendante en matière de plaintes contre la police
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