C’est reparti ! On sort dans la rue le vendredi 8 mars 2024 pour une journée de mobilisation féministe et internationaliste !
Prise de parole du collectif vaudois de la grève féministe – 8 mars 2024
Bonjour les camarades, nous sommes contente·x·s de vous voir en nombre aujourd’hui! Aujourd’hui, le 8 mars, des millions de femmes, de personnes queer, trans et non-binaires se mobilisent à travers le monde entier, tandis que dans certains pays même, des personnes font des grèves, signifiant leur lassitude du capitalisme patriarcal, du capitalisme racial!
En cette journée internationale et internationaliste, le cœur de cette mobilisation est la solidarité. Et il est de notre devoir militant et de notre devoir féministe de politiser cette solidarité hors des frontières nationales et de rappeler les luttes qui se mènent à l’échelle planétaire!
Rappelons que de la Grèce à l’Etat espagnol, du Chili au Rojava, de l’Argentine à la France, de la République Démocratique du Congo à l’Iran, les femmes et les personnes trans et non-binaires sont à l’avant-garde des luttes pour une société plus juste et pour une vie plus digne. Partout où nous sommes, nous dénonçons les violences sexistes et sexuelles, toute forme de sexisme et les discriminations envers la communauté LGBTIQ, mais aussi les inégalités économiques et les inégalités sociales qui nous frappent durement. Partout où nous sommes, nous luttons pour faciliter l’accès à l’emploi et l’accès au logement pour les personnes marginalisées par la société. Partout ou nous sommes, nous luttons contre les stigmatisations que produisent les institutions étatiques à l’encontre des personnes non binaires et transgenre, à l’encontre des travailleuses du sexe ou à l’encontre des migrant·e·x·s!
La journée du 8 mars c’est aussi la journée où les militantes féministes défendent le droit à l’avortement, le droit à une véritable santé sexuelle et reproductive mais c’est aussi une journée pour revendiquer, à l’échelle internationale, le partage des tâches domestiques, à travers, par exemple, la réduction du temps de travail. Nous voulons du TEMPS pour vivre, pour aimer et pour construire. Nous ne sommes pas d’avis qu’il nous faut un modèle sociétal où il est bon de travailler jusqu’au tombeau, produire des profits et exploiter tant la planète que les êtres humains!
Enfin, le 8 mars, nous nous mobilisons aussi pour toutes celles qui ne sont plus là, contre les féminicides et les violences sexistes et sexuelles, le fléau de cette société patriarcale et machiste qui nous violente et qui nous tue. Le 8 mars, nous marchons aussi pour des véritables mesures de lutte contre les violences car encore en 2024, un trop grand nombre de femmes et des personnes queer meurt tous les jours, avec le silence complice des politiques en place! Jamais autant de personnes ont été tuées chaque jour, dans l’indifférence totale, en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle. En parallèle du combat de la violence produite par le système patriarcal, aujourd’hui, nous condamnons également celle qui s’opère sous nos yeux à nous touxtes.
Il s’agit, bien sûr, de la violence que produit l’Etat d’Israël avec ses politiques sionistes à l’encontre du peuple palestinien! Cette violence est celle d’un État colonisateur et impérialiste qui violente, domine et colonise depuis plus de 75 ans! Bien que la gauche dans le monde entier soit déchirée sur cette question et notamment depuis le 7 octobre 2023, qui est la date de l’offensive menée par le Hamas et les organisations armées de la résistance palestinienne, nous refusons de nous taire et assumons pleinement notre position anti-impérialiste et anti-coloniale!
Aujourd’hui, pour justifier son projet mortifère et génocidaire, le gouvernement israélien s’appuie sur les nombreuses attaques à l’encontre de civils perpétrées par le Hamas le 7 octobre. Évidemment, puisque la question nous est toujours posée, nous condamnons ces actes comme l’ensemble des attaques visant des civils israéliens, les violences sexuelles infligées aux femmes israéliennes. tout comme la montée significative des actes antisémites depuis plusieurs mois! Toutefois, ces actes ne peuvent en aucun cas justifier un massacre du peuple palestinien et encore moins nous faire oublier que c’est la situation coloniale en Palestine qui est à la racine de toute cette violence. Précisément parce que notre féminisme est celui ne produisant pas d’autres oppressions et précisément parce que la Palestine est une question féministe, nous affirmons notre solidarité internationale avec la Palestine mais aussi avec tous les peuples qui luttent pour leur libération! Notre féministe sera décolonial, anti-impérialiste et antiraciste ou ne le sera pas!
Et en ce qui concerne les luttes féministes locales, en Suisse aussi, les militantes des collectifs de la Grève Féministe, comme toute une partie de la population, s’organisent pour dénoncer un système capitaliste mortifère qui détruit la vie pour le profit et qui place systématiquement des hommes blancs cis-genres et hétéros dans des positions de pouvoir. En Suisse aussi, nous avons toujours dit : Mettons la vie au centre, pas les profits !
Pour commencer, rappelons qu’en Suisse, selon les statistiques fédérales, toutes les 2 semaines 1 femme meurt sous les coups de son (ex) conjoint et chaque semaine une femme survit à une tentative de féminicide. L’année passée, ce sont 22 femmes qui ont été tuées par leurs (ex) partenaires et au cours de ces premières semaines de 2024, 4 féminicides ont déjà été enregistrés. Nous n’avons pas cessé de revendiquer, depuis le début de notre mouvement en 2019, que nous exigeons un véritable plan national de lutte contre les violences, des moyens et des ressources suffisantes ainsi qu’une ligne téléphonique nationale, joignable 7j/7, 365j/année pour les victimes de violences! Le progrès suisse étant connu pour sa lenteur, c’est seulement en 2025 qu’une telle ligne téléphonique sera mise en place au plan national! Mieux vaut tard que jamais, certes, mais combien de grèves et de mobilisations faut-il faire pour être entendu·e·x ? Pour que les politiques se saisissent d’un sujet aussi central dans la vie des femmes et des féministes qui est celui des violences?
De même, si les agressions à caractère homo, lesbo et trans phobes sont alarmants, il nous manque souvent des données et des chiffres pour revendiquer des droits de ces catégories de la population, souvent vulnérables! Ces agressions restent encore trop invisibilisées en Suisse, chose que nous ne cessons pas de rappeler lors de nos marches du 25 novembre comme aujourd’hui!
Comme partout dans le monde, en Suisse aussi, ces violences systémiques et quotidiennes s’illustrent à travers les politiques publiques précarisant les femmes et les personnes queer! Ces dernièr·e·x·s sont ainsi confiné·e·x·s dans une précarité structurelle, du fait des bas salaires et des mauvaises conditions de travail. Parce que même voire surtout en Suisse, qui est la vitrine du capitalisme et l’un des pays les plus riches au monde, les secteurs indispensables au fonctionnement sociétal emploient une majorité de main d’œuvre féminine et racisée qui se retrouve à effectuer un certain nombre de tâches que les populations aisées ne veulent pas faire!
Dans un contexte où le patronat et la droite appellent de leur vœux une augmentation du temps de travail qui passe par une élévation de l’âge de la retraite, et dans un contexte où nos adversaires reviennent toujours à la charge, nous devons affirmer et réitérer, au contraire, la nécessité d’une diminution généralisée du temps de travail. Nous l’avons bien vu, la droite, tant qu’elle n’arrache pas ses victoires, n’hésite pas à relancer ses sujets à plusieurs reprises. Nous devrions faire pareil!
Parce qu’en Suisse, plus de 9 milliards d’heures de travail non-rémunérées sont accomplies chaque année, presque essentiellement par les femmes. S’occuper de la famille, de proches, du foyer durant les heures de « repos » et durant les jours de « congé » représente un travail reproductif gratuit sans lequel le système capitaliste ne pourra jamais fonctionner.
Toutefois, nous n’avons pas fait que de perdre dans ce pays! A titre d’exemple, le dimanche dernier 3 mars 2024 restera longtemps dans nos mémoires comme le jour d’une victoire historique pour les travailleur·euse·x·s en Suisse! C’est la première fois que l’AVS se voit renforcé par l’acceptation de l’initiative syndicale ‘’Pour une 13e rente AVS” ! Une 13e rente AVS est certainement une belle surprise pour toute le monde mais elle ne tombe pas du ciel! Au contraire, elle est clairement le fruit d’une organisation collective et d’une résistance solide construite de longue haleine par les militantes de la Grève féministe qui ont produit du contenu, mené les diverses campagnes, organisées des formations et mobilisées, afin d’ancrer la question des rentes et retraites comme l’un des axes phares de notre mouvement. Avant de passer le micro à nos camarades du Groupe Retraites qui ont travaillé d’arrache pieds pour porter les diverses campagnes sur le sujet de retraites, nous vous demandons de faire part de vos applaudissements et cris pour saluer cette victoire significative : !!!!
A la fin, nous tenons à rappeler que le féminisme qui permettrait à une petite minorité de femmes de rejoindre le groupe des exploiteurs et des oppresseurs ne nous intéresse pas ! Le féminisme que nous défendons ne peut être qu’antiraciste, anti-impérialiste, internationaliste et anticapitaliste, il doit être au service de touxtes et il passe par la lutte des classes ! C’est pourquoi nous crions en 2024 comme en 2019 :
Grève, grève et mobilisation, c’est ça, c’est ça, la solution !